Malgrè plusieurs traces (poils, arbres griffés, fiandres, empreintes) sur les sentiers de randonnés, nous n’avions jusqu’à présent pas eu l’occasion d’apercevoir de façon spontané le fameux animal des Carpates. Pour avoir de meilleures chances d’apercevoir la faune sauvage le mieux est de se mettre en lisière de foret donnant sur les hauteurs d’une grande pleine, d’une grande rivière ou d’un lac. C’est le meilleur moyen d’apercevoir de loin et en toutes sécurité des animaux sans se faire repérer.
Après une bonne matinée de marche sur un sentier en perpendiculaire de la route de Transfagarasan, nous décidons de pique – niquer sur le bord du lac Vidraru. Situé au cœur d’un écrin de verdure, ce lac artificiel, bordé de forêts denses et de collines escarpées, semble promettre un moment de calme et de communion avec la nature.
Les seuls sons qui nous parviennent sont le doux clapotis de l’eau contre les rives, le chant des oiseaux et, de temps à autre, le vent qui joue dans les branches des sapins.
Nous avons presque fini notre repas quand Tiphaine me demande les jumelles qui sont dans mon sac : « Je vois quelques choses de l’autre coté du lac, on dirait de gros chiens mais donne moi les jumelles pour vérifier ».
« C’est une ourse avec ses deux petits ! » s’exclame-t-elle.
J’ai le cœur qui palpite, je sors mon appareil photo et déploie le zoom au maximum pour admirer le spectacle.
L’ourse majestueuse s’est aventurée hors de la forêt. Elle avance prudemment, ses muscles roulants sous son épaisse fourrure brun doré. Derrière elle, deux petits oursons trébuchent maladroitement sur les rochers, curieux du monde qui les entourent.
Un des deux me parait très intrépide. Il s’approche de plus en plus près du bord du lac. La berge est pentue et glissante. Mais, plein d’assurance, le petit ourson se dit qu’il n’a rien à craindre malgrè que la mère soit à plusieurs mètres devant avec son petit frère.
Cependant, à peine a-t-il posé sa patte avant sur la berge qu’il perd l’équilibre. Ses petites griffes glissent, et il se retrouve les quatre pattes en l’air, dégringolant vers le lac.
C’est alors que, dans un sursaut d’instinct, le petit ourson parvint à s’agripper à une branche basse qui pend juste au-dessus de l’eau.
Maman se retourne et fait demi-tour d’un pas pressé. Le petit ourson comprend qu’il a fait une bêtise et qu’il est sur le point de se faire gronder.
Il se blottit contre sa maman, promettant de ne plus jamais s’approcher du lac sans elle. Malgré la peur, il apprend une précieuse leçon ce jour-là : même les plus intrépides doivent parfois être prudents.
