Récit – La survie en Amazonie

Pour la fin de notre séjour et après 5 jours de trek intense, nous voulions passer quelques jours en Amazonie pour nous reposer et profiter de ce cadre extraordinaire.
En faisant quelques recherches sur internet je suis tombé sur des tours très sympas pour touristes avec nuits en loges, sorties bateau, balades dans la jungle et repas copieux servis matin, midi et soir.
La formule était parfaite, peut-être même un peu trop.
Je pense à toutes les bestioles que l’on pourrait croiser dans la jungle et cela me fait penser à cette série américaine « Man versus Wild » où le mec filtre l’eau de la rivière avec sa chaussette pour boire, où il dépèce un phoque pour se faire un manteau, où il boit « l’eau » qu’il y a dans une bouse d’éléphant…
Songeur, j’imagine comment moi je m’en sortirais si toutefois je devais être seul sans eau et sans nourriture au beau milieu de l’Amazonie. Avec mon courage à toute épreuve je me dis que sans doute je finirais bouffé…
Mais peut-être que je sous estime mon instinct de survie. La meilleure façon de le savoir serait de se mettre en situation.
Pétard, l’idée du séjour détente dans un hamac au bord d’une rivière se transforme tout à coup en stage de survie avec le bandana, le couteau entre les dents, sans eau ni nourriture.

En faisant des recherches sur internet, je finis par trouver une agence qui propose ce genre de stage accompagné d’un guide seulement muni d’une machette. Je tombe également sur un article d’un des survivors qui raconte son expérience.
L’article est très angoissant puisqu’il raconte que malgré la présence du guide, ils ne sont pas parvenus à trouver de la nourriture et ce de tout le séjour. Il raconte également qu’il ne pouvait pas s’assoir ou s’allonger à cause des fourmis géantes voraces. Et pour finir il n’a pas pu dormir à cause des cris stressant d’animaux pendant la nuit.
J’envoie tout de suite l’article à tout le groupe. Tiphaine et Arnaud sont les seuls à répondre positif en ayant une petite espérance que je n’étais pas sérieux, les autres préfèrent rester sur l’idée du séjour détente. Cependant on se dit que la décision finale se fera sur place.

Arrivés à Rurrenabaque (dernière ville avant de rentrer dans la jungle) avec Tiphaine et Arnaud, nous passons à l’agence pour plus d’information sur ce stage de survie.

Nous sommes accueillis par une assistante très souriante. Nous lui disons que nous sommes intéressés par le stage « Survivor ». Son visage change tout à coup et son sourire se transforme en air de compassion. Elle nous emmène dans une arrière pièce de l’agence pour nous faire patienter. Cette pièce est peu rassurante car sont accrochés sur les murs : une peau de crocodile, des photos de précédents « Survivors » et de leurs blessures…
La directrice arrive pour nous expliquer le séjour, elle ramène avec elle un album photos.
Elle ouvre la première page où l’on voit des Survivors en costume d’Adam et Eve. Bon vous vous doutez bien que la vigne c’est difficile à trouver dans une jungle, du coup les feuilles de bananier faisaient l’affaire.
Sur la page d’après, il y a une photo de chaussures complètement recouvertes de fourmis géantes.
Plus on avance dans l’album, moins cela donne envie d’y aller. D’ailleurs je suis déjà bien refroidi et je pense ne pas être le seul…
La directrice nous explique que nous pouvons amener ce qu’on veut avec nous mais qu’une seule chose est vraiment nécessaire : une moustiquaire.

Bon je me dis que les moustiques ne sont pas la chose la plus dangereuse que nous rencontrerons mais je comprends ensuite que la moustiquaire sert également à protéger contre les tarentules, les serpents, les fourmis mangeuses d’Homme… Finalement une moustiquaire n’est pas une si mauvaise chose.
La directrice nous prévient que ces trois jours vont être intenses et qu’en cette saison, il est très compliqué de trouver des fruits pour nous nourrir. De plus il sera difficile d’apercevoir des animaux car la seule priorité est de trouver de la nourriture et un endroit où dormir.

Apres toutes ces infos Tiphaine, Arnaud et moi sommes convaincus de ne plus le faire mais nous demandons la fin de journée pour donner une réponse définitive.
Sur le trajet du retour pour l’hôtel Tiphaine nous pose cette question : « Est ce que vous pensez qu’on aura un jour l’occasion de le faire ailleurs ou que nous serons capables de le faire dans plusieurs années ? »
On marque tous un temps d’arrêt et on se regarde. On connait tous déjà la réponse.
On fait demi-tour vers l’agence pour réserver le stage « Survivor » !

Tout est réglé, la question qu’il reste à se poser c’est : quels objets allons nous prendre pour ce séjour ???

Imaginez que vous êtes déposés au beau milieu de l’Amazonie, dans une jungle insalubre, remplie d’animaux dangereux. Les arbres sont tellement hauts qu’ils cachent le ciel, les cris des animaux la nuit vous donnent des sueurs froides.
Si vous deviez choisir 3 objets pour votre survie, que choisiriez-vous ?

Je vois déjà certains d’entre vous penser au couteau, briquet, fusil, trousse de secours, anti venin…
Et bien après avoir réussit cette épreuve voici ce que nous, à nous 3, avons choisi :
1 appareil photo, 1 paire de jumelle, 2 bombes anti moustique pour vêtement, 2 bombes anti-moustique pour peau, 1 téléphone portable, 1 filtre à eau et 3 moustiquaires.

Je vois certains d’entre vous sourire et me dire que je ne suis pas sérieux. Mais si vous voulez survivre dans la jungle il faut savoir utiliser son imagination et penser « out of the box ».
D’ailleurs j’ai une énigme qui va vous prouver l’efficacité d’une bonne imagination:
Vous êtes seul dans la jungle avec pour uniques objets un fusil et deux cartouches. Vous avez une envie vitale de fumer. Si vous ne fumez pas vous faites une crise d’hystérie. A ce même moment une panthère vous attaque.
Que faites vous ?
Vous essayez de tuer la panthère avec votre fusil et avec votre première cartouche. Manque de bol vous là loupez. Vous récupérez la loupe pour plus tard.
Vous réessayez de tuer la panthère avec votre deuxième cartouche.
Là vous ne la ratez pas et vous réussissez à la tuer. Vous prenez la panthère par la queue et vous la faites tournoyer pour former un cercle.
Tout le monde sait que le périmètre d’un cercle c’est 2π fois le rayon. Dans ce cas, le périmètre de votre cercle est 2 π panthère.
Avec vos deux pipes en terre, vous en gardez une. L’autre vous la broyez pour en faire deux tas. Un tas haut et un tas bas. Vous récupérez donc le tabac.

Vous avez une pipe en terre, du tabac que vous allumez avec la loupe que vous avez gardée et le tour est joué.

Vous voyez, il faut toujours regarder les choses d’un autre angle.

Les objets que nous avons choisis nous ont sortis de situations très dangereuses :
Le téléphone portable nous a servis de torche pour ramasser des feuilles de palmiers dans la nuit pour construire nos abris. Si vous pensiez que c’était pour nous géo localiser vous vous êtes trompés puisqu’avoir du réseau dans la jungle tropicale c’est comme si Tarzan se servait d’un mégaphone pour se faire entendre.
Les bombes anti moustique nous ont servis à cacher notre puanteur et sentir le citron pour éviter de se faire prendre en chasse par un jaguar qui nous aurait pris pour des pécaris (cochon de la forêt amazonienne). Si vous pensiez que c’était pour empêcher que les moustiques ne nous attaquent et bien c’est raté car des européens au sang frais en pleine jungle c’est comme une tranche de rosbif au milieu de la cage aux lions : ce n’est pas un zeste de citron qui va les arrêter, et je dirais même le contraire cela rajoute une petite sauce sucrée / salée.
L’appareil photo nous a servis d’alibi pour les gardes chasse à l’entrée de la jungle.
Les jumelles tant qu’à elles ne nous ont servis à rien puisque l’on comptait dessus pour faire du feu mais notre guide avait tout le matériel du vieux campeur : briquet, ligne de pêche, hameçon, machette, cordelette, cigarettes, bougies…

Notre guide, parlons-en, Juan, une véritable sentinelle. Il est capable de repérer des singes et des serpents à la cime des arbres. Rien qu’à l’odorat il localise les pécaris à des kilomètres. Il identifie et date facilement les empreintes de jaguar, il grimpe aux arbres avec une grande agilité et il pêche avec une lampe torche et une machette.

Il est très difficile d’apercevoir des animaux sauvages puisque notre but ultime durant ces trois jours c’est de bouffeRRRR. Nous passons notre temps à chercher de l’eau et de la nourriture. La seule chose que nous réussissons à attraper est un ridicule poisson chat dans la rivière avec un hameçon et du fil de pêche. Seulement un petit poisson pour quatre en trois jours, ce n’est pas beaucoup !!!
On est prêt à bouffer n’importe quoi, Arnaud supplie même le guide pour manger des termites, ce qu’il finit par accepter.

Sur notre route de la faim nous avons quand même aperçu quelques bestioles : des pécaris, serpents, crapauds, singes, dindons, caïmans et dans la nuit on a même cru apercevoir la silhouette d’un jaguar. A chaque fois que l’on est proche d’une bête, le guide s’arrête et nous fait signe de ne plus bouger. Moi, à toute ces occasions je n’entends ou je ne vois absolument rien, mais à moi-même je me dis, chouette, il a trouvé à bouffer. En fonction de l’animal Juan commence à pousser des cris pour faire venir la proie. Moi je repense au sketch des inconnus sur le bon et le mauvais chasseur, à chaque fois ça me fait exploser de rire.

Notre guide n’a peur de rien, enfin, il n’y a qu’un animal qu’il redoute : le cochon. Comme vous, je suis surpris quand il me dit ça mais il nous explique que les cochons se déplacent en hordes d’une centaine d’individus et que s‘il s’avère que l’un d’eux charge, c’est tout le troupeau qui se met à charger. La meilleure solution nous dit il c’est de courir jusqu’à la rivière.
Rivière, qui bien sûr est rempli de caïmans… Je m’en suis rendu compte le soir après notre baignade avec Arnaud où une famille de caïman se situait pile à l’endroit où l’on s’était baigné…

Mais ne vous inquiétez pas car notre guide est un peu chaman et le soir nous faisons une prière et des offrandes à la Patchamama « la Terre » pour lui demander protection. Avec cela il ne pouvait rien nous arriver. Le guide nous a d’ailleurs donné des petits noms : « El fuego » (le feu) pour Arnaud, « El corazón de la tortuga » (le cœur de la tortue) pour Tiphaine, et devinez comment il m’a nommé… : « La reina de la selva » (la reine de la forêt)… Les noms à la con, il faut toujours que ça tombe sur moi ! Pour me rassurer, je me dis que peut être nous avons fait une erreur de traduction et qu’il voulait dire : « Le roi de la forêt ».
En tout cas, nos prières marchent car durant ces trois jours, il ne nous est rien arrivé, d’ailleurs les animaux doivent faire la même prière car nous n’avons rien réussit à attraper et bouffer à par ce malheureux poisson chat qui a du sans doute oublier de faire son offrande à la Patchamama.
Le chemin du retour est très dur, on est tous en hypoglycémie et déshydratés. Chaque pas est une ascension de l’Everest… Mais après 5 heures de marche dans la jungle on finit par rejoindre un lodge avec douches et nourriture à volonté.
Quel bonheur !!!
Pour en revenir à la question que je me posais : comment je survirais si j’étais dans la jungle sans eau ni nourriture, et bien cela confirme bien ce que je pensais : je finirais par être bouffé. Les moustiques ne nous ont pas ratés !

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